Entre des prix en hausse, des taux de crédit immobilier en baisse et le projet du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) qui souhaite rendre ses recommandations contraignantes, la fin du premier semestre 2021 ressemble à la croisée des chemins pour le marché de la pierre.
Définitivement, la crise sanitaire n’aura pas eu l’effet de la crise économique de 2008 sur le marché immobilier. Si les « subprimes » avaient causé une chute des prix de 8% en France, en plus d’un fort recul des transactions, les deux indicateurs font mieux que résister à la Covid-19. Les prix dans l’ancien ? Ils ont progressé de près d’1% depuis le début de l’année d’après l’indice MeilleursAgents – Les Echos, et même de 5% sur une année glissante pour le baromètre LPI-SeLoger. Les ventes ? Elles demeurent au-dessus du million sur une année glissante également, preuve de la vitalité du secteur. La pénurie de biens sur le marché, entretenue par une construction neuve en berne, participe à l’augmentation des prix.
Autre différence notable avec la crise de 2008 : la Covid-19 n’a pas brisé la baisse des taux du prêt immobilier, c’est même tout le contraire. Le taux moyen donné par la Banque de France se situe à 1,11% hors renégociations. Pour l’Observatoire Crédit Logement/CSA, il a atteint son plus bas niveau au printemps (1,07%). Sur une durée de 20 ans, il continue de plonger (0,98%) ! C’est 0,29 point de moins en deux ans, ce qui pour un emprunt de 300 000€ représente tout de même une économie de plus de 9 000€ sur le coût du financement ! Ces conditions favorables créent un appel d’air pour l’achat immobilier, qui explique en grande partie la bonne santé du marché. Mais si les taux baissent, la question qui se pose c’est : vont-ils remonter ?
Fin 2019, le Haut Conseil de stabilité financière s’alarmait déjà de l’euphorie du marché immobilier au point d’émettre des recommandations aux banques. Elles étaient invitées à davantage de sélectivité en limitant le taux d’endettement à 33% et la durée d’un crédit immobilier à 20 ans. Un an après, le HCSF concédait des assouplissements en relevant le plafond du taux d’endettement à 35% (assurance comprise) et en acceptant un différé de remboursement de 24 mois pour l’achat d’un bien neuf ou avec travaux (au moins 25% du coût total de l’opération). Mais l’instance constituée du ministère de l’Economie et de Banque de France n’entend pas en rester là : elle s’est réunie le 15 juin pour évoquer une transposition de ces mesures en réglementation contraignante dès cet été. Affaire à suivre !